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Un manque de pharmaciens qui perdure dans les établissements de santé

Frédéric Lacroix-Couture, La Presse Canadienne
Un manque de pharmaciens qui perdure dans les établissements de santé

MONTRÉAL — Le manque de pharmaciens dans le secteur public perdure, d’après l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES), qui appelle le gouvernement à promouvoir davantage la profession pour résoudre la pénurie. 

Environ un poste sur cinq était vacant dans la province, selon la dernière enquête annuelle de l’APES. Cela représentait 280 pharmaciens d’établissement équivalent temps complet en date du 1er avril 2021. 

«Ça fait déjà 20 ans qu’on observe la pénurie de main-d’œuvre, alors ce n’est pas une pénurie qui vient de se produire comme on en entend parler avec d’autres corps d’emploi dans le réseau de la santé», fait valoir la directrice générale de l’APES, Linda Vaillant.

La situation est loin de s’améliorer, mentionne la pharmacienne à La Presse Canadienne. La construction des maisons des aînés, le nombre insuffisant de diplômés, le vieillissement de la population et les départs à la retraite ne feront qu’accentuer les besoins.

Pendant longtemps, la relève a préféré travailler dans les pharmacies de quartier en raison d’une rémunération plus avantageuse, ce qui a créé la pénurie qui sévit aujourd’hui, explique Mme Vaillant. L’écart salarial entre le privé et le public s’est résorbé depuis quelques années et les mesures de rattrapage salarial sont désormais consolidées dans la nouvelle entente de travail avec le gouvernement, dit-elle. 

Mais la profession se trouve encore trop dans l’ombre, selon Mme Vaillant. Elle estime que Québec doit donner un «coup de barre» pour faire rayonner la profession et les opportunités qui s’y rattachent. 

«Je pense qu’il y a une campagne de valorisation qui devrait être mise de l’avant», affirme-t-elle. 

«On est un acteur incontournable pour l’équipe médicale qui a besoin de nous pour prescrire, pour que les médicaments soient bien donnés. C’est un travail qui est très le «fun», mais pas connu et pas suffisamment valorisé», soutient Mme Vaillant. 

Elle souligne qu’il y a également un «travail à faire» pour attirer les diplômés du premier cycle vers la maîtrise, une étape nécessaire pour pratiquer dans le réseau de la santé contrairement aux pharmacies de quartier. 

L’APES réclame du gouvernement d’augmenter les admissions au deuxième cycle et le nombre de bourses. Elle demande aussi une meilleure flexibilité du programme de maîtrise en offrant des cours à distance afin de surtout faciliter la formation de nouveaux pharmaciens en région. 

Selon l’association, la moyenne de diplômés à la maîtrise est de 65 depuis les 10 dernières années, alors qu’il en faudrait une centaine. 

Le gouvernement Legault affirme être «déjà en action pour attirer davantage de main-d’œuvre en pharmacie et valoriser leur profession». 

«À titre d’exemple, nous travaillons à former des techniciens en pharmacies pour libérer les pharmaciens de tâches administratives, ou encore, nous avons offert une centaine de bourses pour inciter les étudiants à s’inscrire à la maîtrise en pharmacologie», a indiqué par courriel le cabinet du ministre de la Santé et des Services sociaux, à La Presse Canadienne. 

Une couverture «insuffisante» 

Le manque de personnel n’est pas sans répercussions sur la couverture des soins pharmaceutiques qui est «insuffisante» pour répondre aux besoins, soutient l’APES. 

La situation est notamment problématique pour les soins de courte durée alors que seulement 27 % des besoins en santé mentale pour les patients hospitalisés sont couverts, révèle le syndicat qui représente plus de 1700 pharmaciens d’établissement. 

Dans les salles d’urgence, le taux de couverture est de 42 %. En l’absence de pharmaciens, le travail peut être en partie compensé par les autres membres du personnel, mais certaines étapes peuvent être omises, évoque Mme Vaillant.

«On peut donc imaginer que des erreurs ne sont pas repérées. Il y a des interactions qui ne sont peut-être pas remarquées, donc peut-être que les patients subissent certains effets secondaires. Peut-être qu’on va avoir aussi des patients admis qui vont ressortir et revenir encore parce que le problème était médicamenteux et il n’a pas été pris en charge», expose-t-elle. 

Selon les données internes de l’APES, de nombreux CHSLD se retrouvent aussi sans pharmaciens. 

Les établissements de santé dans le besoin peuvent avoir recours au dépannage. Cela consiste à demander soit à des pharmaciens du réseau de prendre congé, ou à des travailleurs de l’externe, de venir prêter main-forte afin d’éviter un bris de service. 

Le nombre de jours de dépannage entre avril 2020 et mars 2021 a d’ailleurs augmenté de 735 par rapport à la période précédente, pour s’élever à 6238, rapporte l’APES.

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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles. 

Frédéric Lacroix-Couture, La Presse Canadienne

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