MONTRÉAL — Quatre-vingt-six personnes de plus attendaient une transplantation d’organe en 2021 qu’en 2020, a prévenu mercredi l’organisme Transplant Québec.
Il s’agit d’une hausse de 10 % du nombre de personnes en attente, une augmentation sans précédent depuis dix ans.
Les données dévoilées mercredi par l’organisme qui coordonne le processus de don d’organes au Québec précisent qu’au 31 décembre, 888 personnes étaient inscrites sur sa liste d’attente unique, comparativement à 802 en 2020 et à 820 en 2019.
«C’est quand même une très grosse augmentation, 10 %, d’autant plus qu’on voyait une diminution des patients sur la liste d’attente depuis presque une dizaine d’années, a dit le directeur général de Transplant Québec, Louis Beaulieu. Donc c’est un changement d’inclinaison. Ça nous préoccupe parce que ce sont 86 personnes, ce n’est pas seulement un chiffre.»
Trente-quatre personnes sont décédées en attendant une greffe au Québec l’an dernier, soit neuf de moins qu’en 2020 et 16 de moins qu’en 2019.
Le nombre de personnes transplantées est remonté à 409 en 2021, après avoir chuté à 390 en 2020, soit une hausse de 5 %; il avait été de 490 en 2019, soit tout près du sommet de 510 atteint en 2017.
Cent quarante-quatre donneurs décédés au Québec, soit un de plus que l’année précédente, ont permis de transplanter 505 organes. Près des deux tiers des donneurs étaient âgés entre 50 et 60 ans. Le nombre de références pour don d’organes est passé à 724 l’an dernier, après avoir glissé à 675 l’année précédente et culminé à 799 en 2019.
Le temps d’attente des personnes transplantées d’un foie et de poumons a diminué considérablement, de l’ordre de 43 % et de 60 %, alors que celui des personnes transplantées d’un cœur a augmenté de 45 %.
Le Québec a atteint un nombre record de 72 transplantations pulmonaires l’année dernière, ce qui confirme la tendance des trois dernières années. Le nombre de personnes en attente d’une greffe pulmonaire n’a jamais été aussi bas.
«Ça peut vraiment être l’ultime traitement et le seul traitement pour ces patients, et donc de leur permettre de quitter la liste d’attente et de reprendre une qualité de vie, de poursuivre leur vie dans certains cas, bien c’est quelque chose dont on est heureux», a dit M. Beaulieu.
Soixante-dix pour cent des personnes qui attendent une transplantation au Québec ont besoin d’un nouveau rein, comparativement à 19 % qui attendent un foie et 6 % qui attendent un cœur.
Impact de la pandémie
La pandémie de COVID-19 a eu un impact marqué. Entre 2019 et 2021, le nombre de références pour donneurs potentiels a fondu de 12 %, le nombre de donneurs effectifs de 20 % et le nombre de personnes transplantées de 17 %. De même, «la diminution marquée du nombre de personnes transplantées en janvier et décembre (2021) coïncide avec l’arrivée des 2e et 5e vagues de la pandémie», note le document.
Transplant Québec constate que la région métropolitaine de Montréal s’est démarquée comme ayant été la plus performante au prorata de la population avec un taux de 15 donneurs potentiels pour 100 000 habitants, suivie de près par le Saguenay-Lac-Saint-Jean et la Gaspésie-Îles-la-Madeleine.
Environ le quart des références faites à Transplant Québec ont toutefois dû être annulées en 2021 quand la famille du défunt s’y est opposée, principalement en raison de délais (essentiellement attribuables à la pandémie) qui peuvent atteindre 72 heures avant de pouvoir prélever les organes.
Près de la moitié des Québécois auraient officiellement manifesté leur intention de faire don de leurs organes au moment de leur décès.
«Quand on regarde le 50 %, ça nous paraît peu, a admis M. Beaulieu. Par ailleurs, quand on le regarde en termes de personnes, on parle de plus de quatre millions de personnes qui ont exprimé leur volonté. C’est quand même beaucoup de monde. (…) Je suis d’accord que le pourcentage pourrait être plus élevé, mais quand je le regarde en termes d’individus, je me dis que c’est quand même plutôt bien.»
M. Beaulieu invite à une modernisation de la législation pour soutenir la réalisation du don d’organes. Il signale que les donneurs d’organes sont extrêmement rares et que pour chaque donneur non référé, ce sont jusqu’à huit vies qui auraient pu être sauvées grâce à la transplantation.
Il souhaite une simplification du don d’organes, par exemple avec la création d’un site internet gouvernemental où les donneurs pourraient s’inscrire et clairement témoigner de leurs désirs.