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Hausse des loyers en région: un organisme craint une crise du logement imprévue

Clara Descurninges, La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le manque de logements pourrait bientôt causer des problèmes inédits pour plusieurs municipalités des régions, peu habituées à gérer des enjeux d’itinérance, prévient le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).

Plusieurs villes du Québec affichent des taux d’inoccupation qui se rapprochent dangereusement du zéro, peut-on lire dans le dernier rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, publié vendredi. Parmi elles, on compte Drummondville (0,2 %), Rimouski (0,2 %), Rouyn-Noranda (0,3 %) et Joliette (0,5 %).

Au même moment, les prix moyens des loyers grimpent rapidement dans plusieurs autres villes. À Sherbrooke, ceux-ci ont augmenté de 6 à 9 % (variable selon le nombre de chambres) entre octobre 2020 et octobre 2021. Une hausse de 9 % a aussi été remarquée à Gatineau. Pendant ce temps, à Saint-Hyacinthe, louer un logement à une chambre coûte en moyenne 18 % plus cher, et un logement à deux chambres 7 %, alors qu’à Shawinigan on parle de 6 % pour une chambre et 11 % pour deux.

En comparaison, la plus haute mesure d’inflation observée entre ces deux dates est de 4,5 %, d’après la Banque du Canada.

Pas préparés

Le RCLALQ, qui a tiré la sonnette d’alarme après avoir lu le rapport, réclame «des mesures de toute urgence afin d’éviter le pire le 1er juillet prochain».

«Ce sont des endroits où, si les ménages locataires font face à des reprises de logement où à des évictions, ils ne seront pas capables de se reloger ou devront le faire dans des logements qui ne correspondent pas du tout à leurs besoins, donc soit vraiment trop petits, soit vraiment en dehors de leur budget», a déploré samedi la porte-parole de l’organisme, Marjolaine Deneault, lors d’une entrevue téléphonique. «Ce sont de problématiques que l’on voit très concrètement sur le terrain, avec les demandes d’aides qu’on reçoit de la part des comités de logement.»

Elle craint «la montée de l’itinérance dans des villes où c’est un concept qu’on ne connaissait pas» et où il n’y a pas nécessairement d’infrastructure mise en place pour aider ceux qui en souffrent.

«Évidemment, il y a des budgets qui sont offerts aux villes pour aider les ménages sans logis, a-t-elle concédé, mais quand on voit des petites villes de quelques milliers d’habitants qui n’ont peut-être pas le personnel, les compétences ou les ressources pour intervenir dans l’habitation, il faut des mesures au niveau provincial.»

Contrôler les loyers

Mme Deneault a plaidé pour la construction de logements sociaux sous la charge du provincial, afin que cette aide soit accessible partout.

Elle soutient que les loyers devraient être mieux contrôlés, et que les propriétaires devraient avoir à obtenir l’accord d’un juge pour une hausse additionnelle, par exemple à la suite de rénovations.

Elle a aussi proposé la création d’un «registre des loyers» accessible à tous, qui permettrait aux locataires de vérifier qu’ils ne font pas les frais d’une hausse abusive.

En ce moment, le propriétaire «écrit dans le bail l’ancien montant payé, mais qui dit que ce montant-là, il est vrai? Le locataire ne dispose d’aucun outil pour vérifier». De plus, «beaucoup ne savent pas ces détails techniques là ou ne font pas valoir leurs droits» par peur de subir des représailles, a-t-elle ajouté.

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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.

Clara Descurninges, La Presse Canadienne

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