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Convoi de la liberté à Québec: toutous, médiations et discours anti-média

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
Convoi de la liberté à Québec: toutous, médiations et discours anti-média

QUÉBEC — Des milliers de personnes convergent vers l’Assemblée nationale à Québec pour participer au «convoi de la liberté».

En début d’après-midi, plusieurs dizaines de véhicules, poids lourds et tracteurs étaient stationnés sur le boulevard René-Lévesque près du Parlement.

Il y avait également un autobus scolaire, à côté duquel un enfant distribuait des crayons-feutres aux autres enfants pour qu’ils puissent écrire des messages sur les ailes du véhicule jaune.

«Je mapelle Sam, 9 ans et je suis tanner du masque! (sic)», «F*** Trudo» ou encore «gouvernement corompu (re-sic)», pouvait-on lire sur l’autobus décoré avec des toutous et des drapeaux du Québec.

Discours et désinformation

Un peu plus loin, près de la fontaine de Tourny, les trois organisateurs du convoi se sont adressés à foule vers 13 h 30.

Bernard Gauthier a souligné que la manifestation était «super pacifique» et qu’il espérait « avoir un retour d’ascenseur du gouvernement», sans spécifier ce qu’il attendait exactement.

Toutefois, plusieurs manifestants réclament notamment la fin du port du masque pour les enfants et l’assurance que le passeport vaccinal ne sera plus jamais utilisé.

Un autre organisateur, Kevin Grenier, a déclaré à la foule de manifestants:

«On est icitte pour crier toute la souffrance du peuple québécois», et pour défendre «les personnes âgées qui sont prises dans les CHSLD».

Le co-organisateur de la manifestation a ajouté qu’il se passait «quelque chose qui est très très grave, c’est nos médias qui mentent à tour de bras», avant d’encourager la foule à crier «vérité et liberté!».

Il n’a pas spécifié, samedi après-midi, ce qu’il reprochait exactement aux médias.

Mais plus tôt cette semaine, celui qui affirme que les médias «mentent à tour de bras» a partagé un statut Facebook complètement mensonger sur Justin Trudeau, partageant également une vidéo présentant une thèse farfelue et diffamatoire concernant lepremier ministre fédéral. La Presse Canadienne a pris la décision de ne pas répéter les fausses accusations et les propos calomnieux du message écrit par Kevin Grenier.

Le co-organisateur de la manifestation a retiré la vidéo de son fil Facebook quelques heures après la publication. Il a également retiré un statut Facebook dans lequel il faisait référence à la mort d’une manifestante lors de l’opération policière contre le «convoi de la liberté» à Ottawa vendredi.

Selon le Service de police de la ville d’Ottawa, « personne n’a été gravement blessé ou n’est décédé» lors des interventions policières de vendredi.

Après les discours des organisateurs, Daniel Pilon, un influenceur qui s’oppose aux mesures sanitaires depuis le début de la pandémie a été accueilli chaudement par les manifestants.

«La règle numéro pour gagner cette guerre est d’être tenace et patient [et] plus ça va et plus l’opinion publique mondiale est de notre côté, a-t-il lancé. Plus on réveille du monde, plus on approche de la grande victoire, on n’en veut pas du code QR, on n’en veut pas des masques, on n’en veut plus du tordage de bras pour se faire entrer quelque chose dans le corps qu’on n’a pas demandé, on veut être libre!»

Il a salué «les influenceurs qui se sont levés depuis le début [et] qui vont faire en sorte que le monde va changer».

Sous les applaudissements, il a ajouté que le peuple «veut sortir de la matrice!» avant de terminer son discours en déclarant «qu’un jour, on sera 70% et on va remporter la grande victoire!».

«Common law pure, pure, pure et méditation»

Plus tôt dans la journée, un homme qui dit s’appeler Asamour a été invité à prendre la parole sur la scène.

«Devinez pourquoi les guerres et les méga-guerres se reproduisent toujours?» a-t-il demandé à la foule avant de répondre «c’est à cause qu’on n’applique pas la bonne juridiction aux hommes et femmes vivants et c’est la common law pure, pure, pure».

Selon ses explications, «la common law pure, pure, pure» est au-dessus du système judiciaire, et permet de «faire tomber les amendes et les peines de prison».

«La common law pure, pure, pure, va tout changer sur la planète», a-t-il dit aux centaines de manifestants qui l’écoutaient avant d’ajouter que «le changement ne viendra pas des leaders, il va venir d’en bas, des hommes et femmes vivants».

La foule l’a applaudi chaleureusement avant de crier «liberté!, liberté!, liberté!».

Les manifestants interrogés par La Presse Canadienne ne semblaient pas comprendre ce que signifiait exactement «la common law pure, pure, pure».

Malgré le bruit assourdissant des klaxons, une séance de «méditation universelle» était également au programme samedi après-midi.

Véhicules tolérés par la police

Le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) a déclaré samedi soir que les véhicules lourds immobilisés en bordure de René-Lévesque seront tolérés à cet endroit pour la nuit.

«Une zone de stationnement de camions est présentement tolérée sur René-Lévesque entre Honoré-Mercier et Claire-Fontaine tel qu’entendu avec les organisateurs. Toute autre immobilisation ailleurs ne sera pas tolérée et résultera d’une intervention policière», avait écrit le SPVQ ce matin sur Twitter.

En fin de journée, la police a indiqué avoir procédé à quatre arrestations : deux en vertu du Code criminel pour voies de fait et action indécente et deux en vertu de la règlementation de paix et bon ordre.

Malgré ces arrestations et les 46 constats d’infraction émis, «l’ensemble de la manifestation s’est déroulée dans le bon ordre», a déclaré le SPVQ.

En avant-midi, alors que les klaxons se faisaient entendre bruyamment, un convoi de camionnettes et de voitures circulait en boucle sur le boulevard René-Lévesque.

Pendant ce temps, des manifestants ont formé une chaîne humaine pour transporter des sacs de toutous jusqu’à la scène près de la fontaine de Tourny, où les organisateurs ont distribué les peluches aux enfants pendant la journée.

Parmi ces manifestants, Christian Martel a tenu à être présent au «convoi de la liberté», malgré les assouplissements annoncés par le gouvernement en début de semaine.

«La pandémie, c’est fini, c’est fini, il faut tout abolir, on est tanné, c’est assez là…», a indiqué celui qui souhaite qu’il n’y ait plus jamais de passeport vaccinal et qui, comme de nombreux manifestants, demande la fin du port du masque obligatoire pour les enfants à l’école.

Une autre manifestante, Sylvie, qui refuse de donner son nom de famille, travaille dans une résidence privée pour personnes âgées.

«Ils (les politiciens) ne voient pas la tristesse des personnes âgées», explique celle qui dénonce les mesures trop strictes d’isolement des aînés.

«Avec toutes les menaces de pertes d’emploies parce qu’on n’est pas vacciné, c’est tout un stress qui nous font vivre», a ajouté celle qui dit n’avoir aucune confiance envers le gouvernement et qui craint un retour éventuel du passeport vaccinal.

Le passeport n’est plus requis depuis mercredi dans les magasins à grande surface, ainsi que les succursales de la SQDC et de la SAQ. À compter du 21 février, il ne sera plus exigé dans les lieux de culte. Puis, il sera retiré complètement à compter du 14 mars, au moment où une majorité des mesures sanitaires aura été abolie.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne


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