On ne vous apprend rien en vous disant qu’au cours des dernières années, plusieurs constructeurs ont délaissé certains segments de voitures, si ce n’est pratiquement tous. On pense instinctivement à Ford, bien sûr, mais GM, Toyota, Chrysler, Buick et Honda, entre autres, ont tous quitté une ou plusieurs catégories.
D’autres persistent et signent, comme Nissan, dont la transformation du portfolio actuel inclut un engagement envers les berlines. Au passage, la compagnie espère récupérer la clientèle abandonnée par la concurrence. Le pari est intéressant, compréhensible, brillant et audacieux en même temps. Si la chose était une partie de poker, on utiliserait l’expression « all in ».
Cependant, lorsqu’on pousse tous ses jetons au centre de la table, ça prend un jeu solide. On peut attaquer avec quatre as ou bluffer avec une paire de sept. Quel jeu offre la Nissan Versa ?
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Un genre de retour
La première Versa a vu le jour pour 2007. Elle avait fait sensation à l’époque, rehaussant de beaucoup le niveau de luxe dans le segment des sous-compactes. Elle avait même fait ombrage à la Sentra, malhabilement renouvelée en même temps. En 2011, Nissan y allait d’une refonte et ramenait le modèle à des bases plus simplistes. La berline n’a pas fait long feu ici, mais la variante à hayon, la Versa Note, s’est taillé une modeste place sur le marché.
Malgré tout, on décidait de tirer la plogue à la fin de 2019.
Mais pas aux États-Unis où la déclinaison berline de la Versa n’a jamais cessé d’être commercialisée. C’est connu, les Américains préfèrent les berlines aux modèles à hayon. En 2019, elle était entièrement repensée. On l’a vu dans les salons américains, mais il n’était pas question d’un retour chez nous à ce moment.
Il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idée.
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Un style… Nissan
La Versa présente une jolie mine, bien plus intéressante que celle de l’ancienne génération. Elle est plus large, plus longue et repose plus près du sol. Cependant, il n’y a rien pour s’exciter ici. La voiture ressemble en fait à une Sentra qui serait passée à la sécheuse. L’ironie, c’est qu’elle a fait ses débuts avant. N’empêche, on devine qu’elles ont été dessinées au même moment et disons que la signature stylistique sied mieux à la grande sœur.
Cette Versa 2021 nous est présentée de trois façons : S, SV et SR. La première est proposée avec une boîte manuelle à cinq rapports, ainsi qu’une transmission à variation continue (CVT), la seule livrée avec les deux dernières.
L’offre
La version S est proposée à 16 498 $, 17 998 $ avec la CVT. Si le prix est intéressant, la dotation laisse sur l’appétit. La liste d’équipement comprend des éléments prisés comme des phares automatiques, le démarrage à bouton-poussoir, l’aide au départ en pente, le régulateur de vitesse, des phares antibrouillard, la téléphonie Bluetooth et l’assistant Siri Eyes Free de Google.
Cependant, on cherche les sièges chauffants et les applications Apple CarPlay et Android Auto, en vain. Aussi, si vous souhaitez profiter d’une banquette arrière divisible 60/40, il faut y aller avec la transmission CVT, pas la manuelle. Qu’on me l’explique, celle-là ! Une question de coût ? Je n’achète pas si c’est le cas !
En passant au modèle SV, on retrouve ce que l’on recherche, soit les applications précitées via le système NissanConnect et les sièges avant chauffants, en plus d’un accoudoir greffé au siège du conducteur, l’alerte pour les portes arrière, la climatisation automatique, un système d’alerte de l’attention du conducteur, ainsi que des roues en alliage d’aluminium de 16 pouces. Le prix : 19 498 $.
Selon vous, est-ce que Nissan veut vendre des versions de base ? Poser la question, c’est y répondre.
Et si vous en souhaitez plus, vous pouvez toujours opter pour une déclinaison SR à 20 998 $. Cette dernière ajoute un démarreur à distance, la clef intelligente de Nissan, une chaîne audio à six haut-parleurs plutôt que quatre, des roues en alliage d’aluminium de 17 pouces, un volant et un sélecteur de rapports gainés de cuir, un aileron arrière, ainsi qu’un habitacle porteur de matériaux un peu plus riches.
De cette gamme, un autre élément m’a irrité. Nissan propose sa suite de sécurité Safety Shield 360 avec la Versa. Seulement, avec la version de base, quatre des six caractéristiques qu’elle contient sont servis. À compter de la livrée SV, la suite est complète. La sécurité de base ne devrait pas être réduite à une question monétaire.
L’expérience
Et à quoi ressemble l’expérience sur la route ? Je vais être plate, mais c’est ce à quoi on s’attend de cette voiture ; rien d’excitant, mais rien de décevant. La Versa n’est pas là pour livrer des sensations, mais pour vous mener à bon port. Ça, elle le fait très bien et dans un confort intéressant, merci aux sièges « zéro gravité » de Nissan. Ces derniers épousent magnifiquement notre corps pour en éloigner toute fatigue.
Le niveau d’insonorisation demeure couci-couça, cependant, spécialement pour les bruits qui proviennent du dessous de la voiture.
Les accélérations sont correctes, sans plus. Le moteur 4-clindres de 1,6 litre qui repose sous le capot propose 122 chevaux et 114 livres-pieds de couple ; il ne faut pas trop lui en demander. En pleine tempête de neige, comme ce fut le cas lors de notre essai, ça patine facilement à l’avant, mais ça se gère bien. Et un frein à main est présent (une rareté de nos jours), ce qui nous permet à la fois de nous amuser, mais aussi de corriger la trajectoire à l’occasion.
Quant au travail de la CVT, c’est très correct grâce aux rapports simulés. Pour ce qui est de la boîte mécanique de la version de base, elle ne compte que cinq vitesses. Ça, c’est un faux pas. Avec la Micra à quelque 10 000 $, ça passait, mais avec un modèle 2021 à plus de 16 000 $, non. En 2012, la Kia Rio, par exemple, s’offrait avec une transmission manuelle à six engrenages. Ça nous renvoie à notre conclusion sur les intentions de ventes de Nissan ; la compagnie vous guide gentiment et subtilement vers la variante SV, voire la SR.
Consommation enregistrée lors de l’essai : 6,6 litres aux 100 kilomètres. Sur route de campagne seulement, nous étions sous les 6 litres. Nissan annonce des cotes de 7,4, 5,9 et 6,7 litres aux 100 kilomètres (ville/autoroute/combiné) pour la transmission CVT, 8,6, 6,7 et 7,7 litres pour la boîte manuelle et les mêmes références.
La stratégie
Il y a 13 mois, au lancement de la Nissan Sentra, on découvrait une version de base sans sièges chauffants, sans Apple CarPlay et Android Auto, de même qu’une variante SR sans boîte manuelle. La chose avait été soulevée et Nissan s’est ajustée en proposant ces éléments, ce qui est tout à son honneur.
Pourrait-on assister à la même chose avec cette Versa ? Non, répond Claudianne Godin, responsable du marketing et des relations publiques pour le Québec. « Parce que la Versa est notre voiture d’entrée de gamme dans la catégorie sous-compacte, nous nous devions de bien balancer l’offre des caractéristiques entre les modèles S et SV. Et comme on voulait avoir un prix de départ attrayant sur le modèle S, nous avons mis certaines caractéristiques comme Apple Carplay, Android Auto et les sièges chauffants sur le modèle SV, afin de pouvoir offrir ce prix attrayant. »
Et pour ce qui est de la boîte manuelle sur la version SR, « nos recherches démontrent que l’acheteur type de la Versa est plus rationnel et recherche plus le côté pratique. C’est pourquoi on en déduit qu’il sera plus attiré par la transmission CVT. »
Deux voitures, deux réalités. Mais la question devait être posée concernant l’offre initiale des deux modèles, soit la Versa de cette année et la Sentra de l’an dernier.
Conclusion
Alors, une réussite, cette Versa ? Oui, mais est-ce que ce sera assez ? Le Kicks se vend quelque 3000 $ de plus, mais offre une polyvalence supplémentaire. Le pari est double pour Nissan. Il est risqué, car la Versa pourrait en servir plus, surtout en configuration de base.
Il est aussi calculé, car la compagnie mise sur le prix… et sur l’absence de concurrence. En fait, pour reprendre notre analogie sur le poker, Nissan avance ses jetons sur la table avec une paire de sept.
Le verdict, c’est le consommateur qui va nous le donner.
On aime
Sièges confortables
Habitacle spacieux pour la catégorie
Coffre volumineux
On aime moins
Pas de sièges rabattables avec la version de base à boîte manuelle
Boîte manuelle offrant seulement cinq rapports.
Version de base très/trop dénudée
La concurrence principale
Kia Rio
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